samedi 7 octobre 2017

Retour vers le passé !

Me voilà à nouveau dans l'avion après une semaine passée à la frontière entre deux mondes, entre deux époques.

Dimanche dernier, j'ai atterri à South Bend, un petit aéroport dans le nord-ouest de l'Indiana, après une étape à Minneapolis. Je découvrais cet état pour la première fois, et après avoir récupéré une voiture de location, roulait tranquillement en direction de Middlebury, une petite ville de 3000 habitants où j'allais passer la semaine à former une équipe locale de développeurs.

Pont couvert à Middlebury

 Alors que j'étais sur une highway comparable à une route nationale, traversant des champs à perte de vue, croisant granges rouges et silos à grain à intervalle régulier, dans le sens opposé, un cheval tirant une charrette noire d'un autre temps me croise :

Voilà un moyen de locomotion intéressant en 2017

Je savais où je mettais les pieds, mais la rencontre était presque aussi surprenante qu'elle ne le fut il y a une dizaine d'années en Pennsylvanie. Car comme autour de Lancaster, et comme dans l'Ohio, l'Indiana abrite des communautés de personnes ayant décidé de refuser toute forme de progrès depuis des siècles.

Des gens qui vivent sans téléphone, sans voiture, sans télévision et qui ne se déplacent qu'à pied, à vélo ou à cheval :

Un convoi de buggys Amish

Ce sont les communautés Amish, Brethren et Mennonites, qui ont fui la Suisse, l'Allemagne et la France il y plus de trois siécles, chassés en raison de leur interprétation de la bible jugée trop extrême en Europe (l'origine des Amish étant alsacienne, leur langue est très proche de l'alsacien !)

Comme les mormons et tant d'autres, ils trouvèrent donc en Amérique un havre de paix où leur mode de vie côtoie désormais le notre au quotidien. Deux mondes et deux époques qui cohabitent pacifiquement dans ces régions rurales du Midwest des Etats-Unis.

Ferme typique reconvertie en boutique de souvenirs à côté de mon hôtel

 A chacune de mes sorties course à pied, je croisais donc les familles Amish au gré des chemins, faciles à reconnaitre puisque leurs tenues sont elles aussi très codifiées : Seulement quelques couleurs claires autorisées, les hommes portant toujours pantalons à bretelles et chapeaux noirs, le père de famille barbu, les femmes et filles avec les cheveux attachés et montés d'une coiffe typique :

Famille Amish qui se promène (photo trouvée sur internet)

 Ma seconde surprise fut de découvrir que Middlebury est la capitale américaine du camping-car et de la caravane ! Dans cette ville de 3000 âmes, 2000 personnes travaillent pour Jayco, une marque de véhicules récréationnels bien connue de ce côté-ci de l'océan.


Du coup, on croise caravanes et camping-cars à chaque coin de rue, et toutes les entreprises du coin travaillent dans le domaine, comme mon client qui fabrique des écrans tactiles et applications mobiles pour contrôler volets, clim, et autres fonctionnalités pour camping-cars de luxe.

Des camping-cars avant assemblage final

L'économie US étant au top de sa forme, le taux de chômage à Middlebury est l'un des plus faibles de la nation. Tout le monde recrute et comme me l'ont expliqué les locaux : "C'est pour ça que tu es là. On est en plein boom, on bosse 12 heures par jour et on ne trouve personne à embaucher car personne ne veut venir vivre ici. Faire venir quelqu'un de Chicago ou Indianapolis, c'est juste impossible, donc on apprend et on se débrouille par nous mêmes".

Evidemment, c'est à double tranchant, et en 2008 le taux de chômage y était l'un des plus élevés de la nation, plus personne n'achetant de camping-cars pendant la crise économique.

Dans une salle d'attente, la bible bien en évidence au dessus des magazines, avec quelques cartes de visite surprenantes...

 Quelle était la probabilité de rencontrer un groupe d'ingénieurs capables de construire des systèmes qui feraient pâlir des entreprises de la Silicon Valley en plein milieu de l'Indiana rural ? Proche de zéro, et ce que j'aime dans ce pays : Après 10 ans à m'y intéresser de près et à le découvrir, chaque voyage arrive encore à me surprendre !


Du coup, j'avais choisi de dormir et manger à Das Dutchman Essenhaus, plus grand hôtel de l'Indiana où le restaurant sert des spécialités Amish.

Autant dire que je me suis régalé tous les jours ! Manger des légumes et des viandes sans OGM, cultivées à la main, sans tracteur ni fertilisants, ça fait une sacrée différence. Et leurs tartes sont un truc de dingue :

Tarte chocolat - beurre de cacahuète avec 5 centimètres de crème dessus :-)

C'est la première fois que je mangeais de vrais bons haricots verts aux US (les expats comprendront !)

Voilà donc pour cette semaine à la fois gastronomique et dépaysante, véritablement entre deux mondes et deux époques !



5 commentaires:

  1. Chaque fois qu'il y a une communauté amish dans un état, je m'y rends, le patchwork étant le prétexte. Ce que je peux dire c'est que les Amish de l'Indiana sont particulièrement accueillants, beaucoup moins coincés que ceux de Pennsylvanie. Deux familles nous ont invités chez elles pour boire le thé et parler couture. Les hommes dans les champs ou dans la rue nous saluaient toujours avec un mot aimable et le sourire aux lèvres.

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    1. Effectivement j'ai pensé à toi avec tous les patchworks à l'hôtel et dans les boutiques de souvenirs.
      J'ai aussi été salué par tous ceux que j'ai croisé en courant, c'était bien sympa. Dans l'Indiana ils m'ont semblé moins sectaires, certains bossaient chez mon client dont le fondateur était lui même Amish.

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  2. Je découvre qu'il y a des Amish dans plusieurs états US. Et qu'en fonction des communautés, ils utilisent (ou pas) certaines technologies.
    Je suppose que leur langue doit ressembler à une sorte d'allemand.

    Fameuse la tarte au chocolat. Par contre, il faut aimer la crème et surtout ne pas avoir des problème de lactose.

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    1. Leur langue est en fait semblable à l'alsacien, qui est vraiment de l'allemand, mais ne dis jamais ça à un Alsacien :-)

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    2. Oui la la en effet ! En tous cas si les Alsaciens et les Amish parlaient "vraiment" allemand, je les comprendrais mieux. Ce doit être comme ici le québécois et le français !

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