Imaginez un village de moins de 300 habitants accessible par un seul tunnel routier d'une voie de large, à sens unique de circulation. Ce tunnel est également partagé avec la voie ferrée, les rails sont donc au milieu de la route... Voilà qui est déjà bien surprenant en soi !
Le curieux tunnel de Whittier, étroit mais haut pour les camions et trains. Tout le monde passe au même endroit !
Le tunnel n'est ouvert que 15 mins par heure dans une direction, puis dans l'autre, puis laissé disponible pour les trains. Si vous loupez un créneau, il y a donc une heure d'attente avant de pouvoir traverser à nouveau. Et le tunnel ferme la nuit de 23h15 à 5h30 du matin, donc pas moyen de quitter Whittier par la route la nuit !
Vue de Whittier, principalement le port et ses conteneurs
Mais le plus surprenant, c'est que la quasi-totalité de la population de Whittier habite sous le même toit, dans un bâtiment de 14 étages construit durant la guerre froide pour abriter les militaires d'une base créée à Whittier durant la seconde guerre mondiale...
Les tours Begich, la maison de tout le monde à Whittier !
Et vu que tout Whittier vit dans ces tours, l'hôtel s'y trouve aussi ! Nous avons donc passé une nuit avec tout le village dans ce batiment, qui a un bureau de poste, une supérette, une chapelle, une laverie automatique, une salle de conférences, et des enfants qui courent partout dans les couloirs et dévisagent les touristes bizarres qui viennent sur leur territoire pour une nuit...
Voici la vue de notre chambre :
L'école est juste derrière le bâtiment et est accessible par un tunnel souterrain. Pas besoin d'aller dehors quand il fait -30 degrés Celsius, le luxe !
Et comme si tout cela n'était pas assez unique, Whittier a également un ancien bâtiment militaire qui a été abandonné après un tremblement de terre, et dont la destruction coûterait trop cher, donc il reste là à hanter la côte :
Le bâtiment militaire abandonné depuis 1966
Voilà donc pour le suprenant village de Whittier, où j'ai tout de même réussi à prendre une photo décente avant de partir, malgré le gris et la pluie :
C'était le dernière étape de notre voyage en Alaska de cet été 2021. Le jour suivant, nous prenions l'avion à Anchorage pour rentrer à la maison. Un superbe road-trip dans un endroit définitivement pas comme les autres !
Retour en Alaska avec notre passage à Seward, de l'autre côté de la péninsule de Kenai, où nous avons visité le parc national des fjords de Kenai, majoritairement en bateau car ce parc est constitué de multiples glaciers qui finissent dans l'océan.
Bear Glacier
Nous avons donc fait une croisière d'une journée dans les multiples fjords à proximité de Kenai. Au départ le matin, les nuages étaient bien présents et le temps gris, mais le ciel est devenu bleu dans la journée, nous permettant de prendre de jolies photos.
La petite ville de Seward à peine visible dans les arbres au pied du mont Marathon, qui est l'objet d'une course à pied de 5 kilomètres tous les 4 juillet : Les coureurs partent de Seward, grimpent au sommet à 906 mètres d'altitude , et redescendent à fond la caisse au niveau de la mer !
La croisière a été merveilleuse, avec de nombreux animaux rencontrés en chemin. Le bateau s'arrête fréquemment dans de petites criques au calme pour observer paysage et faune.
Arrivez-vous à trouver l'aigle sur cette photo ?
Plus loin, c'est une baleine qui longeait la côte et que nous avons pu suivre pendant quelques secondes - impressionant d'entendre sa respiration et de voir le jet d'eau qui va avec :
Une baleine qui longe la côte à quelques dizaines de mètres du bateau
Que dire de plus ? Magnifique !
Le moment fort de la journée fut l'approche du glacier Holgate, absolument gigantesque. Pour vous donner une idée, regardez la taille du bateau de croisière en bas à gauche (avec 300 personnes à bord) par rapport au mur de glace derrière :
Le glacier Holgate
Plus on approchait du glacier, plus on pouvait sentir le froid intense qui en émanait. C'était comme faire face à un gigantesque frigo à ciel ouvert !
Le mur de glace
C'était la première fois que nous approchions un tel glacier. J'avais visité la mer de glace quand j'étais petit, et vu de loin le peu qu'il en restait il y a 10-12 ans, mais là ça n'a juste rien à voir au niveau taille. C'est littéralement une montagne de glace qui vient toucher l'océan !
Au pied du glacier
Après avoir apprécié le glacier, le bateau prend le chemin du retour et approche plusieurs petites îles pour voir la faune de près. En chemin, nous rencontrons à nouveau des baleines, et assistons au spectacle de leur montée à la surface pour respirer, puis le début de leur descente dans les profondeurs, bien visible avec la queue qui sort de l'eau à la fin du "plongeon".
Cette fois-ci, nous étions entouré de plusieurs baleines, et nous les avons vu plonger les unes après les autres
Il y en a du monde sur cette île !
La météo était au top à ce moment de la journée, grand ciel bleu sans nuage, température agréable, parfait pour apprècier les paysages verts et sauvages de la côte :
Magnifiques paysages mis en valeur par une météo idéale
Seward apparait à l'horizon
Après la croisière, nous sommes allés voir Exit Glacier juste à côté de Seward, qui est le seul glacier accessible "par la route" avec un peu de randonnée.
Train à Seward
Au "pied" d'Exit Glacier, qui récède à vitesse grand V, comme on peut le voir sur le chemin qui mène au pied du glacier : Des marqueurs indiquent où le glacier finissait en 1950, 1990, 2010, etc.
Voilà pour cette journée bien remplie et pleine de magnifiques souvenirs ! Sans aucun doute l'un des jours les plus marquants de ce périple en Alaska. On recommande définitivement cette croisière sur la journée dans les fjords de Kenai !
Suite de notre road-trip en Alaska avec la visite de la péninsule de Kenai, qui est l'une des plus régions les plus habitées d'Alaska car les températures y sont plus agréables, du fait que la péninsule est entourée par la mer, tout en restant proche d'Anchorage et donc de la civilisation.
Volcan enneigé vu depuis Kenai
Notre première étape dans la péninsule est la petite ville de Kenai (7400 habitants), même si en dehors d'Anchorage et peut être Palmer, on pourrait considérer que tous les endroits où nous sommes passés sont plutôt des villages.
Le centre historique comporte plusieurs maisons anciennes et une jolie église orthodoxe.
Eglise orthodoxe à Kenai
Cabane de pêcheur dans le vieux Kenai
Nous étions à Kenai le 4 juillet, c'était l'endroit parfait pour assister à la parade le matin du 4, car il n'y a que deux ou trois parades sur toute la péninsule :
Parade d'Independence Day à Kenai
Ensuite, nous sommes partis vers l'extrémité sud de la péninsule, avec un premier arrêt à Ninilchik, un village où le temps s'est arrêté lorsque l'Alaska appartenait encore à la Russie. D'ailleurs, le village parle toujours son propre dialecte russe !
Ninilchik et l'église perchée sur la colline. Toutes les routes sont en graviers.
Cimetière orthodoxe de Ninilchik
Shilak Lake au milieu de la péninsule
Nous arrivons finalement à Homer, au bout de la péninsule, où la pêche et le tourisme apportent pas mal de dynamisme économique, et donc des boutiques, hôtels et restaurants :
Thomas et quelques gros poissons prêts à être nettoyés et emportés
Homer était clairement l'une des villes les plus vivantes de notre voyage. Il y avait du monde et de l'activité, ce qui était un contraste avec le plupart des autres endroits où nous avons passé la nuit.
En Alaska, les maisons sont souvent éloignées les unes des autres, et chacun profite des grands espaces pour avoir son coin au calme. Du coup, les villes/villages paraissent bien souvent désertiques. Sauf à Homer, donc.
Boutiques sur le "spit", un bras de terre au bout de la péninsule qui avance dans la baie de Kachemak, et est donc un paradis pour pêcheurs
Vue sur un glacier en face de Homer
La prochaine étape de notre voyage sera Seward, où nous allons approcher des glaciers comme jamais, et essayer de voir des baleines dans l'coéan... Affaire à suivre !
Après avoir quitté la région de Talkeetna, nous avons pris la route de l'est la long de la rivière Matanuska, puis cap au sud jusqu'à Valdez. L'occasion de voir quelques-uns des plus beaux panoramas de tout ce road-trip !
La vue magnifique des volcans de Wrangell - St. Elias depuis Willow Lake sur la route 4
Avant de suivre la rivière Matanuska, nous avons passé le col Hatcher et visité l'ancienne mine d'or d'Independence le long de la route, après un long délai en raison d'une voiture qui a intégralement brûlé et bloqué la route étroite de montagne pendant de très longues minutes !
Faire demi-tour aurait pris 3 heures de plus, nous avons pris le pari de patienter et avons probablement perdu 1h30 à 2 heures au final. Mais les vues et visites valaient le coup :
Route de Hatcher Pass, en grande partie non goudronnée, mais aux paysages magnifiques.
Rails du train de la mine à Independence Mine State Park
Après ces aventures, nous passons la nuit à Glacier View, un hôtel fait de petits chalets magnifiques et où chaque chambre est équipée d'une paire de jumelles pour apprécier la vue sur les montagnes environnantes.
Glacier View - 234 habitants répartis sur 48 kilomètres de route et 600 mètres de différence d'altitude. Autrement dit, difficile d'être embêté par ses voisins !
Le glacier Matanuska à Glacier View
Le lendemain, en route pour Valdez avec plusieurs arrêts pour apprécier les paysages grandioses - et les glaciers de plus en plus nombreux :
Glacier Worthington
Dernière montagnes avant de descendre au niveau de la mer à Valdez
Valdez ressemble à toutes les petites villes traversées à ce jour en Alaska : Quasi désertes, extrêmement calmes, et beaucoup de mal à trouver où manger, car avec COVID, beaucoup de travailleurs saisonniers ne sont pas retournés en Alaska cet été, ce qui force pas mal de restaurants à fermer au moins le midi, et parfois à carrément mettre la clé sous la porte !
Le port de plaisance de Valdez
Paysage typique d'Alaska ! Vert et sauvage !
Valdez est la ville terminus du pipeline pétrolier trans-Alaska, qui traverse tout l'état du nord au sud. Son port est donc d'une grande importance stratégique et avait été sélectionné car c'est le port le plus au nord de l'état dont l'eau ne gèle pas durant l'hiver. Les pétroliers peuvent donc y accéder toute l'année.
Les bâteaux de pêche exposent leurs trophées du jour (les ours sont en bois mais les poissons sont tous vrais !)
De véritables icebergs sur le lac où débouche le glacier de Valdez
La route se terminant à Valdez, nous faisons le chemin inverse le lendemain pour retourner jusqu'à la région d'Anchorage. Prochaine étape : La péninsule de Kenai !
Le troisième jour de notre grand voyage en Alaska, nous avons pris la Parks Highway en direction du nord afin de voir le mont Denali, la plus haute montagne d'Amérique du Nord (6190 mètres d'altitude), qui est aussi le troisième pic le plus prohéminent et isolé du monde après l'Everest et l'Aconcagua.
Pratiquement seuls au monde sur la route en pleine période de vacances, c'est aussi ça l'Alaska !
Le premier jour, nous parcourons 300 kilomètres le long de la chaîne d'Alaska et contournons Denali par le nord, mais les nuages nous empêchent de voir cette montgane majestueuse que seuls 30% des visiteurs peuvent apercevoir.
Il n'y a que des petits Californiens pour porter bonnet et pull par 15-16 degrés !
Dans le parc national, nous faisons un arrêt au chenil des chiens de traineaux. Les huskies sont utilisés pendant une bonne partie de l'année pour aller secourir des intrépides perdus dans les montagnes, mais aussi pour permettre aux rangers d'aller maintenir certains refuges et logements du parc non accessibles pendant des mois.
Les chiens sur leurs grandes niches en bois
Après quelques petites randonnées, nous rejoignons l'hôtel pour la nuit aux portes du parc. Le lendemain matin, la pluie fait place à des éclaricies et à l'espoir de voir enfin le mont Denali :
Ciel bleu et route mouillée
Panorama de la forêt boréale aux pieds des montagnes, et le géant Denali caché dans les nuages
La route du parc termine après une grosse dizaine de kilomètres et n'est ensuite autorisée qu'aux bus du parc national, que nous décidons de ne pas prendre, car approcher de Denali en bus n'enlèvera pas les nuages. Les paysages restent grandioses malgré tout.
Du coup, nous rebroussons chemin en direction de Talkeetna où nous passerons la nuit. Sur la route, les nuages se dissipent un peu, et nous apercevons pour la première fois des morceaux de Denali qui se montre petit à petit :
Denali, te voilà enfin !
A ce moment-là, mission accomplie, nous avons aperçu cette gigantesque montagne, certes pas en entier, mais peu importe ! A Talkeetna, nous visitons le petit "centre village" qui est l'un des plus touristiques d'Alaska, avec des restaurants à terrasse, des bâtiments historiques, et un peu de monde et de vie, ce qui assez rare dans ces petits bourgades du grand Nord.
Boutiques historiques à Talkeetna
Après une petite promenade dans le village, où une piste d'atterrissage sur herbe permet aux pilotes locaux d'atterir à une centaine de mètres du centre historique, nous rentrons au petit chalet où nous allons passer la nuit. C'est alors que que dans mon retroviseur, le géant Denali a enfin décidé de dévoiler toute sa splendeur, émergeant au dessus de la couche nuageuse :
Vue de Denali depuis Talkeetna
Le lendemain matin, pour notre dernier jour dans la région avant de partir plusieurs centaines de kilomètres plus au sud-est, le soleil brille et les nuages sont totalement absents.
Je décide de passer un coup de fil à une agence d'hydravions à Talkeetna pour voir si ils auraient de la disponibilité ce matin même, et miracle, une autre famille s'est désistée, et nous pouvons avoir un hydravion pour nous 4 et aller voler le long des parois du mont Denali !
Notre hydravion et le lac qui servira de piste de décollage et d'atterrissage
Prêts pour une expérience inoubliable ! Les casques servent à nous protéger du bruit et à entendre les indications du pilote.
Une heure de vol au dessus des glaciers et des montagnes enneigées
Passage devant Denali qui ne peut plus se cacher cette fois-ci !
Difficile de décrire une telle expérience, mais voler au milieu de ces paysages, survoler les glaciers et longer des parois rocheuses à quelques dizaines de mètres à peine, sans oublier quelques passages entre des pics que l'on observait à une centaine de kilomètres quelques jours auparavant, c'était quelque chose !
La vidéo ci-dessous vaut tous les mots du monde quant il s'agit de décrire ce que nous avons vu et vécu :
La vidéo montre aussi un chalet à Denali qui a subi quelques attaques d'ours, et la cérémonie où Clara et Thomas deviennent "junior rangers" du parc national de Denali !
Vues absolument incroyables depuis l'avion !
Après cette expérience, le reste du voyage aurait pu être sous une pluie incessante, cela n'aurait plus eu d'importance ! Ce jour-là, nous avons appris que les compagnies d'hydravion sont un peu partout en Alaska.
Leur activité principale et de servir de "taxi" pour emmener des gens vers leurs chalets isolés au milieu de nulle part, puis d'aller les rechercher quelques jours ou semaines plus tard, ou d'aller leur apporter des provisions ou du matériel ! Un style de vie typiquement Alaskan !
Alors que nous arrivons vers Willow, Denali se montre encore plus majestueux que jamais, à 150 kilomètres à vol d'oiseau !
Voilà pour ce petit résumé de nos 3 jours autour de Denali, avec ce vol en hydravion pour clotûrer la visite en beauté ! Ce petit vol nous aura coûté plus cher que l'aller retour de Sacramento à Anchorage en avion, mais c'est une expérience que nous ne ferons peut-être qu'une fois dans notre vie, donc nous avons sauté sur l'occasion.