Lors de notre première expatriation, l'une des raisons pour laquelle nous avions décidé de rentrer était d'aggrandir la famille. Nous ne nous imaginions alors pas avoir un bébé aux USA, d'une part parce qu'il nous semblait important d'avoir la famille à proximité pour la naissance de Thomas, d'autre part parce que le système de santé aux USA nous faisait un peu peur.
Alors qu'en a-t-il été avec l'arrivée de Clara ? A quoi ressemble l'expérience d'une naissance aux USA ? C'est ce dont je vais vous parler aujourd'hui.
Clara le jour de sa naissance
1) Le suivi avant la naissance
Nous nous attendions à avoir deux échographies en tout et pour tout, soit une de moins qu'en France. Dans les faits, Adeline a eu 4 échographies "classiques" puis au moins une par semaine durant les 3 derniers mois, voire carrément deux par semaine le dernier mois !
Il a suffit qu'Adeline ait une seule fois une tension à peine élevée pour qu'un suivi hebdomadaire se mette en place jusqu'à la naissance. Le suivi était donc tout simplement exceptionnel, avec zéro place pour la moindre prise de risque.
Clara et son petit bracelet. Adeline et moi en avions un aussi pour nous identifier comme ses parents, et Clara avait également un bracelet électronique à la cheville qui aurait sonné l'alarme si elle quittait la zone des nouveaux-nés ! Sécurité maximale !
2) Le mois avant l'accouchement
Nous avons eu droit à une fausse alerte début septembre. Lors d'une de ses visites hebdo, l'infirmière a jugé que le rythme cardiaque de Clara descendait trop bas par moments, et qu'il fallait aller en urgence à l'hopital pour qu'une sage-femme prenne les choses en main.
L'occasion pour nous de faire une première répétition en mode panique, pile à l'heure de sortie des bureaux pour ajouter le stress du traffic dense et ralenti. Au final, le rythme cardiaque était parfaitement normal, c'était donc une fausse alerte. Mais encore une fois : Dans le doute, on escalade tout de suite à l'étape suivante pour ne pas prendre de risque.
En salle d'accouchement, l'écran du monitoring pour suivre les contractions
3) Le jour de l'accouchement
Le jour J, nous sommes arrivés à l'hopital juste avant 7 heures du matin. Adeline sentait depuis 4 heures du matin que le jour était venu, et la prise en charge a été remarquable. Tout le monde se présente, note son prénom sur un tableau dans la salle de sorte à ce qu'aucun "intrus" ne vienne perturber le process.
Car de process il est bien question : Chaque examen et chaque mesure sont entrés dans l'ordinateur avec des commentaires sur l'état du moment. N'importe quel docteur peut arriver pour prendre la relève et récupérer toutes les informations en quelques instants, avec la chronologie des événements à la seconde près.
Durant les deux premières heures, nous n'aurons pas une seconde pour nous : Tout se met en place et nous est expliqué en détails. C'est simple, on sait que tout va bien se passer car tout le monde est super sympa, attentif et attentionné : On n'a pas l'impression qu'ils font ça dix fois par jour, ils vivent le moment comme nous et avec nous, comme si c'était un peu leur bébé qui allait naitre aussi !
Une petite cuisine comporte un frigo avec des dizaines de petits repas comme celui-ci pour les "coachs" qui accompagnent la maman durant cette intense journée. Café et jus d'orange sont également disponibles à volonté, on se sert comme on veut et quand on veut !
4) L'accouchement
A l'image de ce pays, tout est allé très vite. A 14h40, la sage-femme vient effectuer un dernier contrôle et dit qu'on est dans la dernière ligne droite. L'infirmière nous demande nos pronostics : Je lance 15h10, Adeline 15h20. A 15h09, le staff est tout autour du lit pour l'accouchement. A 15h11, Clara est née !
Après, on avait l'impression d'être juste les trois au monde même si le staff s'affairait tout autour mais on ne les voyait plus, car ils nous laissaient vraiment tranquilles. On me dérangera juste pour couper le cordon ombilical, car il faut bien que le papa fasse quelque chose tout de même ! Ah oui, j'ai aussi préparé les papiers du certificat de naissance. Aux USA, il y a toujours un
middle-name en plus du prénom usuel : Nous avions décidé que ce serait Clara Emilie !
Puis ce sont les mesures et tests d'usage, semblables à ceux pratiqués en France, avant les premiers vaccins, puis quelque chose de sympa, la première prise d'empreinte des pieds et des mains en souvenir :
Premières empreintes pour Clara, avec un système qui ne salit pas le bébé mais qui produit de belles empreintes sur un beau diplôme à son nom !
5) Après l'accouchement
Là aussi tout va très vite, et tout est maitrisé et contrôlé de A à Z. Même si tout va très bien pour Adeline et Clara, les tests s'enchainent. La première nuit, toutes les deux heures les infirmières viennent s'assurer que tout va toujours bien. Et dès le matin, vu que tout est OK, on demande à Adeline si elle veut rentrer à la maison... maintenant !
Toute la famille est donc réunie à la maison 23 heures (!) après l'accouchement. Expérience idéale pour nous tous, qui sommes ravis d'être réunis sous le même toit aussi vite, même si toute une batterie de rendez-vous sont déjà prévus pour le suivi de la maman et du bébé dans les jours et semaines qui viennent.
Pour information, une journée d'hopital coûte 2000$. Donc on est doublement content ne pas y rester trop longtemps !
Le test d'audition ou comment faire la photo de l'année ! Avec le petit noeud sur le bonnet préparé par une infirmière et les écouteurs sur les oreilles, Clara a un look inimitable !
Au final, les peurs que nous avons eues par le passé étaient totalement infondées. Aux USA, la santé est un système globalement privé, et je pense que la qualité s'en ressent largement. Qui dit privé dit concurrence, dit obligation de résultat et donc faux-pas totalement interdit. Aucune place au hasard quand une erreur peut détruire la réputation d'une marque et donc de centaines d'hopitaux et dizaines de milliers d'employés !
On nous a même raccompagné jusqu'à la voiture (après avoir vérifié notre siège auto - d'ailleurs jugé peu sûr car les normes US sont différentes des normes françaises - si bien qu'on a cru qu'ils ne nous laisseraient pas partir !) pour que l'hopital garantisse à 100% que tout était OK lors de notre sortie !
Nous avons d'ailleurs reçu au moins trois enquêtes à remplir depuis la naissance de Clara pour vérifier que toutes les explications nous avaient été données, et tous les processus bien suivis. Le système est bien huilé, c'est vraiment impressionnant.
Clara à la maison !
6) Le coût de l'opération
Ca reste l'inconnue car nous n'avons pas encore reçu la facture... Pour le moment, nous avons payé 450$ au total pour l'ensemble des visites préalables (grosso modo 10 fois 45$). Et nous nous attendons à payer au moins 4500$ en plus pour l'accouchement, même si je me suis préparé psychologiquement à ce que cela nous coûte 6200$ au final, car c'est le maximum "
out of pocket" que notre assurance autorise par assuré et par an : Au delà, l'assuré en question (Adeline dans ce cas) ne paie plus rien.
Bien évidemment, cela s'ajoute aux 850$ par mois payés pour l'assurance santé, qui devraient d'ailleurs désormais devenir 1000$ par mois avec l'ajout de Clara. Vous trouvez que c'est beaucoup ? Oui, je suis assez d'accord. Même si, en regardant de plus près, je me console en me disant que quoiqu'il en soit, l'accouchement ne nous coutera même pas un mois de salaire net... Donc c'est pas si terrible que ça !
La complicité entre brother and sister !
Et puis il faut aussi se dire que nos revenus ne seront pas amputés durant chaque mois de notre vie par des cotisations sociales pour payer d'autres accouchements ou opérations : On ne paie que ce que l'on "consomme" et pas pour ce que les autres consomment. Donc la facture est plus importante de façon occasionnelle, et c'est bien normal car tout les mois le salaire est beaucoup plus haut grace à une
moindre imposition (et une autre mentalité, mais ça c'est une différente histoire !).
Voilà pour cette magnifique expérience que fut la naissance de Clara ! Si vous avez des questions, n'hésitez pas à les poser en commentaires.