mercredi 30 novembre 2016

Les parcs nationaux ont 100 ans

La meilleure idée de l'Amérique a 100 ans ! C'est en effet en 1916 que le congrès américain a décidé de créer le National Park Service, une entité chargée de protéger et de rendre accessible au public les lieux magiques que sont les 58 parcs nationaux américains.

Le logo du centennaire, avec la pointe de flèche et le bison pour rappeler Yellowstone, le premier parc national au monde

Si vous suivez ce blog, vous avez probablement une bonne idée de ce qu'est un parc national : La majorité de mes articles vous les présentent en photos. En revanche, la notion de parc national aux USA est différente de ce qu'elle peut être dans d'autres pays.

Typiquement, un parc national n'est ni un zoo ni un square, mais plutôt un grand territoire public entièrement préservé du développement et de l'activité humaine : On n'y accède qu'après s'être acquitté d'un droit d'entrée, on ne peut pas y vivre, la chasse y est interdite, tout comme le ramassage de souvenirs naturels.

Un futur ranger veille sur Grand Teton National park le jour du centennaire cet été

Les rangers du service des parcs nationaux ont donc pour mission première de s'assurer que la faune et la nature sont protégées à l'intérieur du parc (comme décrit à Glacier avec les visiteurs qui approchaient trop près d'un ours), et comme seconde mission de s'assurer que tout un chacun puisse profiter de ces paysages magnifiques pour des générations et des générations à venir.

Les rangers travaillent donc à l'accessibilité pour les personnes à mobilité réduite, l'aménagement de sentiers, et ainsi de suite. Ils organisent également des programmes éducatifs gratuits qui sont toujours intéressants.

Dans un parc national, si l'orage déclenche un feu de forêt, personne ne va éteindre le feu si il ne menace pas les infrastructures du parc. C'est surprenant mais on laisse cours à l'ordre naturel des choses. De même, les forêts ne sont pas "manucurées" comme elles peuvent l'être à d'autres endroits de notre planète. Un parc national, c'est sauvage !

Avant la création du National Park Service, l'armée a assuré le rôle de protection des rangers pendant 40 ans à Yellowstone, où le fort est toujours présent à Mammoth Hot Springs. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle les rangers ont hérité de couleurs quasi militaires :

Une ranger lors d'un programme éducatif sur les geysers à Yellowstone

Aux USA, il existe 59 pacs nationaux (nous en avons visité 27 !) dont 9 en Californie, l'état qui en a le plus devant l'Alaska (8) et l'Utah (5). Maintenant vous savez pourquoi nous vivons en Californie ;-)

Le service des parcs nationaux gère à lui seul 340 000 km² de terres préservées, soit l'équivalent de la moitié de la France !

Les 59 parcs nationaux penchent clairement à l'ouest

Au delà des parc nationaux, il y aussi les National Monuments (Statue de la Liberté, White Sands), les National Historic Parks (Gettysburg), National Volcanic Monuments (Mont St Helens) , National Seashores (Point Reyes, Cape Hatteras)  et National Recreation Areas (Golden Gate) qui sont en général gérés par le même National Park Service, voire parfois délégués au US Forest Service.

Les monuments nationaux sont en général plus petits (comme la statue de la Liberté) et peuvent aussi être naturels, comme notre favori White Sands, qui mériterait vraiment d'être promu en parc national :

White Sands National Monument, New Mexico

Dans le passé récent, il faut savoir que Barack Obama a été un président à parcs nationaux : Il a créé le premier parc national depuis plus de 12 ans en faisant de Pinnacles National Monument un National Park en 2013 (nous l'avons d'ailleurs visité le week-end dernier !), mais il a aussi aggrandi de nombreux parcs comme Yosemite.

Le Grand Canyon est probablement l'un des parcs nationaux les plus connus au monde

Nos parcs nationaux ont donc 100 ans ! Et il est certain qu'ils vont encore occuper la majorité de nos road-trips pour les années à venir. Si vous n'en avez jamais visité un, je ne peux que vous recommender d'essayer, on en devient vite accroc !

Pages de notre passeport des parcs nationaux, qui permet de collectionner les tampons souvenirs récoltés dans les visitor centers ou ranger stations de chaque parc

Et vous, avez vous déjà visité un parc national ? Si oui, avez-vous un préféré ?

lundi 28 novembre 2016

Waterton Lakes, Alberta, Canada

Notre road-trip entre Montana et Wyoming nous a emmené jusqu'aux portes du Canada, puisque nous avons passé deux nuits à St Mary, à 35 minutes de route de la frontière entre les deux pays.

Il était donc tentant d'y aller, d'autant plus que nous n'avions jamais mis les pieds en Alberta, et que le parc national de Glacier s'y prolonge en un autre parc national, Canadien cette fois-ci : Waterton Lakes National Park.

Bienvenue en Alberta !

La première difficulté du jour consistait à entrer au Canada, puisque les douaniers canadiens ont toujours peur que l'on ne puisse pas revenir aux USA, alors ils posent tout un tas de questions et exigent des documents qu'un douanier US ne demande jamais (et que je n'avais donc pas), ce que je lui fait remarquer.

"Mais vous n'êtes plus aux USA" me répond-t-il fièrement, du genre "c'est moi le boss ici, je suis libre de te demander des papiers qui ne servent à rien juste parce que j'en ai envie, et toc !".

Mon joker était alors de sortir notre carte d'autorisation de travail, qui sert aussi d'autorisation temporaire à rentrer aux USA dans l'attente de notre carte verte. Cela lui a tout de suite plu et deux secondes plus tard, la barrière s'ouvrait, nous étions acceptés au Canada pour la journée.

Pas de mur entre USA et Canada mais une longue ligne au milieu de la forêt

A l'arrivée à Waterton Lakes, on ne peut pas louper le magnifique hôtel du Prince de Galles qui surplombe le lac tel un roi sur son trône :

L'hôtel du Prince de Galles face au lac

On s'y arrête donc pour en faire le tour, et même si l'intérieur n'est pas aussi spectaculaire que dans les hôtels voisins de Glacier, l'architecture extérieure est plutôt sympa :


La vue depuis l'hôtel est des plus appréciables qui soient :

Vue sur Waterton Lakes depuis l'hôtel

Nous avons ensuite exploré le parc autant que possible, et sommes tombés sur ce genre d'avertissement à plusieurs reprises :

Attention, une maman ourse et ses petits sont dans les parages ! Notez la traduction parfois hasardeuse en français - une caractérisque du Canada anglophone

Mon instinct de trouveur d'ours a encore bien fonctionné, puisque je me suis arrêté à un endroit qui offrait une vue sur une vallée en contrebas, avec l'objectif de voir ces ours. Et là, deux secondes plus tard, notre maman ourse sort avec ses petits - et paf, trois ours de plus durant ce road-trip :

Une trentaine de mètres en contrebas, la famille ours se promène

Pour finir la journée, il me semblait qu'une vue plus élevée du lac et de son hôtel seraient plutôt sympa. Nous nous sommes donc attaqués au sentier de Bears Hump, sans trop d'espoir vu la prise d'altitude (225 mètres en 1,4 km) et la difficulté de le faire avec Clara et Thomas. 

Adeline a d'ailleurs dû abandonner en chemin et redescendre avec Clara, tandis que je poursuivais seul avec Tommy, qui n'a jamais voulu s'arrêter jusqu'au point de vue, avançant d'un bon pas qui a impressionné plus d'un randonneur essoufflé croisé un chemin ce jour-là :

Thomas à 1525 mètres d'altitude : "Je suis un climber moi" (grimpeur)

La vue valait vraiment le déplacement, comme vous pouvez vous en rendre compte avec cette photosphère réalisée au point de vue (avec quelques petits morceaux de Thomas, comme d'habitude). L'hôtel est presque anecdotique vu d'en haut :



Après cette journée bien remplie, revenir aux US a été très facile (ouf !), et nous avons même pu profiter du coucher de soleil à Glacier National Park avant de retourner à l'hôtel.

Un bien joli road-trip qui se terminera le surlendemain à Butte, où nous avons pris l'avion pour Sacramento via Salt Lake City. C'était loin, mais cela valait le déplacement !

Toutes mes photos de Waterton Lakes National Park sont dans cet album.

mercredi 23 novembre 2016

A vous de deviner [Jeu n°9]

Voici notre grand jeu pour le mois de novembre, le dernier de cette année 2016 !

La réponse du jeu du mois d'Octobre était : Ce sont des décors de cinéma à Los Angeles, très exactement les studios Paramount à cet endroit précis, qui est surnommé "New York, California" car il représente un mini New York et est utilisé pour des didzaines de films, pubs, clips, etc. !

Bravo à tous les participants car vous étiez tous très proches de la réponse, et Vincent B reste seul leader avec un point d'avance sur la Bricole! Tout va donc s ejouer sur ce dernier jeu.

N'oubliez pas qu'à la fin de l'année, le vainqueur recevra un petit cadeau typiquement US !

 Comme d'habitude, voici donc la photo à l'origine de la devinette du mois. Si vous savez ce que c'est, cliquez ici pour entrer votre réponse. Il suffit de deviner qu'est ce qui peut bien se passer derrière les grilles de cette entreprise au logo pour le moins surprenant :


Cette devinette devrait être plus facile que celle du mois dernier...

Ne postez pas la réponse en commentaire, mais cliquez ici pour participer. Vous pouvez toujours laisser un commentaire pour dire que vous avez trouvé :-)

dimanche 20 novembre 2016

L'automne en Californie

Cet article participe au défi blog mensuel « The 20th in America » initié par Laetitia de French Fries and Apple Pie et Isabelle du blog FromSide2Side. Le thème de ce mois me plait particulièrement, puisqu'après avoir parlé de l'automne au Canada, je vais pouvoir vous parler de l'automne en Californie !

Clara d'automne !

L'automne met toujours du temps à arriver en Californie. Les premières pluies depuis de longs mois arrivent autour d'Halloween, ce qui fait que l'on passe d'abord par une phase qui ressemble plus au printemps qu'à l'automne, car les champs qui étaient jaunes depuis mai reverdissent avec ces premières gouttes d'eau (assez abondantes sur Sacramento cette année - nous sommes à 200% de la normale en pluie depuis le 1er octobre) :

La semaine dernière - tout est enfin vert au bord de l'American River!

Puis avec la baisse des températures (pas trop quand même, on était tous en t-shirts le week-end dernier avec un bon 24-25 °), les feuilles commençent à jaunir, puis à rougir, certains arbres affichant bien toute la progression et l'arc en ciel des couleurs d'automne :

Du vert au rouge...

En quelques jours à peine, nous avons atteint le pic de couleurs (que l'on peut suivre sur cette carte vraiment utile pour décider où aller se promener le week-end), même si certains arbres restent bien verts :

N'est-ce pas magnifique ?


Sur les hauteurs de la Sierra Nevada, la neige s'est déjà installée, nous offrant un superbe panorama blanc à l'horizon. Les stations de ski ouvrent. Et vu que le ciel est dégagé la majorité du temps, nous avons pu voir la super lune sans aucun problème :

Grosse lune d'automne !

L'automne, c'est aussi une saison festive avec Halloween puis Thanksgiving, soit l'opportunité de faire un petit road-trip durant le week-end de 4 jours qui s'annonce !

La plus belle saison de l'année !

Et voilà pour ces quelques photos d'automne en Californie, toutes prises à moins de 20 minutes de route de la maison. Toutes mes photos de cette petite sortie sont par ici.

mercredi 16 novembre 2016

Glacier National Park : Le bouquet final !

Voici la deuxième et dernière partie de notre visite de Glacier National Park (la 1ère partie est ici). Il s'avère que c'est aussi la partie qui a les plus jolies photos, d'où le titre de l'article !

Coucher de soleil sur Wild Goose Island

Nous avons eu la chance de voir Glacier sous tous les angles, du super beau temps à la pluie et au brouillard, sans oublier les couchers de soleil car nous dormions à St Mary, à quelques kilomètres à l'Est du parc :

La même vue ou presque, sous la pluie avec l'arc en ciel qui semble sortir de l'île

Nous avons trouvé la plus belle météo du côté de Many Glacier, où le panorama était probablement l'un des plus impressionnants de tout le parc :


Les chambres de l'hôtel de Many Glacier sont d'ailleurs aux premières loges de ce magnifique paysage :

Les toits de l'hôtel et... quelle vue !

Cette vue à 180 degrés qui assemble cinq ou six photos différentes permet de rendre justice à l'immensité du panorama - l'hôtel y passerait presque inaperçu :

Je vous conseille de cliquer sur cette image pour l'apprécier dans toute sa... largeur !

Nous avons effectué une belle petite randonnée matinale à Many Glacier, le meilleur moyen d'apprécier le calme, la nature, et de permettre à Thomas de poursuivre sa collection de bâtons :

Le petit randonneur !

Paysage en chemin

Le soir, nous sortions jusqu'à la tombée de la nuit, ce qui fut l'occasion de tomber sur diverses surprises, comme ce grizzli en train de prendre son bain du soir tranquille :

Elle est bonne ?

Mais le plus proche et le plus impressionant des ours rencontrés durant notre périple était celui-ci, de bon matin :

J'ai faim !

Ce grizzli était à une vingtaine - trentaine de mètres de la route, énorme et toujours en train de bouger, comme le montre cette courte vidéo.

Au vu du nombre de voitures qui ralentissaient et s'arrêtaient pour des photos, le pire était à craindre vu le niveau d'activité de cet ours, mais il n`a fallu que deux minutes pour qu'une ranger arrive en 4X4 et sécurise la zone à coups de gyrophares et d'annonces au porte-voix, demandant aux curieux de continuer de rouler et de ne pas descendre de leur véhicule.

En quelques secondes, tout rentrait dans l'ordre !

Pluie le dernier jour... Ce qui demande plus de créativité pour de jolies photos !

Comme vous avez pu le voir, Glacier est un magnifique parc national, probablement pas l'un des plus connus bien que l'un des plus visités du pays (en sixième position).

C'est un paradis pour randonneurs avec des centaines de kilomètres de chemins, même si le parc offre aussi de magnifiques vues à ceux qui voudrianet rester à l'intérieur de leur véhicule, tout en permettant quelques rencontres ganranties avec la faune lcoale !

Toutes mes photos de Glacier sont disponibles dans cet album. Prochaine et dernière étape de ce road-trip (à suivre) : Waterton Lakes au Canada !

dimanche 13 novembre 2016

L'automne au Canada

Il y a quelques semaine, j'ai passé 5 jours à Toronto au Canada pour donner une formation Angular JS.

Toronto et sa CN Tower, qui à 553 mètres de haut est la plus haute tour du monde occidental !

Je connaissais déjà un peu Toronto, et plutôt bien les chutes du Niagara qui sont à une centaine de kilomètres, alors j'ai dû me creuser la tête pour trouver de nouveaux coins à explorer.  Un bon problème à avoir, c'est certain, que celui de pouvoir "snober" les chutes du Niagara :-)

C'est en ouvrant les rideaux de ma chambre d'hôtel que l'inspiration est venue :

C'est l'automne ! Enfin, dans l'Ontario, car en Californie, on commence tout juste en ce 13 novembre.

L'automne sur la côte Est des USA étant probablement la plus belle saison, je me doutais bien que l'Ontario aurait aussi de jolies couleurs à arborer. Après quelques recherches, je suis donc tombé sur le parc provincial de Forks of the Credit, qui était en pic de couleurs automnales, donc je n'ai pas hésité une seconde.

Sur la route

Bien m'en a pris car après avoir principalement vu le Canada des villes (Montréal, Québec, Toronto, Vancouver), partir légèrement plus au nord dans une région moins peuplée était plutôt sympa.

En effet, 75% de la population du Canada vit à moins de 160 kms de la frontière US, alors que le pays s'étend sur des milliers de kilomètres au nord. Il n'y a donc pas besoin d'aller très loin pour se retrouver seul au monde :

Les couleurs sont bien là !


Le coin était particulièrement joli avec pas mal de collines, une mini station de ski et des routes. Et de jolies couleurs tout partout : 


Certains arbres sont pratiquement jaune ou rouge fluo...

Ensuite la tempête est arrivée et des trombes d'eau m'ont poussé à rebrousser chemin. Le soir suivant, j'avais un autre objectif, bien personnel celui-là, qui était d'aller faire un tour au stade du Toronto FC. Vous ne le savez certainement pas mais j'ai pour habitude de "péleriner" dans les stades de foot majeurs de chaque ville que je visite :

Séance de luminothérapie pour la pelouse !

Et pour ceux qui trouveraient bizarre de visiter des stades de foot, regardez un peu l'architecture, c'est quand même beau, non ?

Le Toronto FC et ses 2 Français est sur le point de gagner la conférence Est de la MLS, en finale contre... Montréal !

J'ai ensuite essayé d'aller faire un tour au centre ville, mais c'était soir de baseball et les Blue Jays jouaient un match décisif ce soir là donc je me suis retrouvé bloqué une heure dans une foule de dizaines de milliers de personnes. Même la CN Tower était au couleur des Blue Jays, allumée en bleu :

La CN Tower parée de bleu

Voilà pour cette petite expérience automnale dans l'Ontario. Très bientôt, je parlerai à nouveau du Canada où nous étions déjà allés début septembre après notre visite de Glacier National Park.

Toutes mes photos de cette petite visite sont par ici.

mercredi 9 novembre 2016

Le jour d'après

Hier devait être une belle journée, marquant la fin d'une abominable campagne présidentielle dont personne ne voulait plus entendre parler. Et j'étais encore plus content de ne pas avoir à parler du sujet sur le blog. Mais alors que la soirée avançait, l'improbable a fini par se produire, comme vous le savez tous, rendant difficile le fait d'éviter le sujet :

L'évolution des probabilités avec le superbe outil de FiveThirtyEight, qui s'était trompé comme tout le monde

Vers 23h Pacifique, quand Trump était annoncé gagnant en Pennsylvanie, j'ai abandonné et suis allé me coucher, avec un sentiment partagé par beaucoup de monde : Mais comment est-ce possible ?

Parce que d'un point de vue strictement humain (et non politique), avoir une once d'appréciation pour ce type est quand même difficilement concevable, après tout ce qu'il a dit et fait. Je ne vois pas comment quelqu'un pourrait penser : "Ce type est formidable, c'est le leader dont on a besoin, je pense tout comme lui". Je veux dire, merde, quand même quoi :

J'ai cru mourir de rire sur certains... "Because of my genius!"

Mais c'est arrivé. Et je ne voulais pas en parler, mais vraiment pas, parce que je m'attends à une déferlante de commentaires en tout genre, et que vraiment, on a tous eu notre overdose de campagne ces derniers mois.

Et devant les messages à droite et à gauche, du style "on pense bien fort à vous", et des journalistes Français qui me demandent mon avis "quelle est l'ambiance à Sacramento ?", je me suis dit qu'il serait intéressant d'en parler malgré tout, car on touche à un domaine qui m'intéresse bien plus que la politique : Le décalage culturel.

Et puis, après tout, il n'y a pas mort d'homme, et comme chez le psy, le fait d'en parler me permettra peut-être d'accepter ou comprendre, en tous cas de mieux me sentir à la fin de cet article. Car je savais très bien ce qui se passerait aujourd'hui.


Toute la journée, j'ai tendu l'oreille pour espionner la moindre conversation, essayer de trouver un quelconque indice, une réaction. Et comme durant ces longs mois de campagne, rien. Le néant. J'ai vu des dizaines de personnes au bureau, le midi devant CNN dans une salle de restaurant, et personne n'en parle. Même pas entendu le mot Trump ou Clinton de la journéé. Rares sont ceux qui tournaient même la tête vers l'écran de TV qui ne parlait pourtant que de ça.

Alors que je suis convaincu que tout le monde ne parle que de ça en Europe, ici, c'est un jour comme tous les autres. Comme hier. Comme avant-hier. Comme demain. Je pense qu'il y a deux raisons à cela :

1) Le sujet est chaud bouillant et les Américains détestent le conflit, a fortiori au bureau. Donc on n'en parle pas. 

2) Ok, Trump est élu, et alors ? Ce qui est fait est fait, inutile de palabrer des heures sur le sujet, car ça n'y change rien. Les Américains ne sont pas du genre à critiquer ou débattre juste pour le plaisir, c'est une spécialité française. Une décision a été prise, maintenant il faut vivre avec, point. 

Pragmatique. Voilà pour l'ambiance. Maintenant, et après avoir médité ça toute la nuit et une bonne partie de la journée (et oui, je ne suis pas encore Américain, donc je me torture l'esprit pour rien), il faut bien avoir en tête que le gouvernement US est non-interventionniste, a fortiori les républicains qui sont les plus conservateurs. L'idée générale est vraiment de laisser faire et ne légiférer que si il n'y a pas d'autre option.

Et surtout, les véritables lois qui impactent le quotidien de tout un chacun sont décidées par chaque état, indépendamment du gouvernement fédéral. L'exemple typique d'hier, c'est la légalisation de la marijuana à usage récréationnel en Californie, une décision aux antipodes de l'opinion de Trump sur le sujet, qui ne pourra rien y faire ou y changer.

Les états Américains sont souverains, et le gouvernement fédéral ne gère vraiment que la constitution, la politique étrangére, l'immigration, les taxes fédérales et ne se risque que rarement dans les lois "du quotidien".

United we stand... or not.

C'est sûr que Trump qui gèrerait la France, quand on a la santé, le SMIC, le chômage, les aides sociales, la retraite qui repose sur les épaules du gouvernement, ça aurait de quoi faire peur, car le type pourrait tout jeter à la poubelle, et le ferait certainement.

Et cela explique probablement les réactions de la presse et de nos amis en France. Mais ici, dites vous bien qu'il ne gère rien de tout ça, et que la seule récente tentative du gouvernement fédéral de réduire cet espace de liberté des Américains (l'Obamacare), et bien Trump va se faire un plaisir de le supprimer, et cela ne va pas occasionner de grands émois.

Car les Américains, globalement, n'ont pas aimé qu'on leur force la main en matière d'assurance santé. Mon premier employé ici m'a dit : "Une assurance santé ? La dernière fois que je suis allé chez le docteur, c'etait en 2007. Pourquoi est-ce que je paierais une assurance pour ça ? J'en ai pas besoin". Et c'est un type qui vivait chez ses parents parce qu'il n'avait pas les moyens de payer un loyer en Californie.

Il faut bien comprendre que les mentalités et les gouvernements sont différents, ce qui explique grandement la différence de perception. Et je n'exprime pas ici une opinion personnelle, juste un constat en la matière. 

Son programme sur l'immigration

Du coup, je suis arrivé à la conclusion que si Trump applique son programme (que j'ai parcouru dans les grandes lignes ce matin sur son site web), la vraie différence concrète et visible est que nous devrions payer moins d'impôts sur le revenu.

D'ailleurs, selon comment on interprète son programme concernant l'immigration, on pourrait même ne plus en payer du tout, si Trump décidait que les Français font partie de ces indésirables aux USA :

 
"Suspendre temporairement l'immigration de régions qui exportent du terrorisme" - quand interrogé sur la France et l'Allemagne, Trump n'avait pas l'air très chaud cet été

Il faut ceci dit mentionner que son programme parait plus soft sur le papier que dans son expression orale durant la campagne.

Et puis il y a son dixième commandement sur l'immigration, qui pourrait être vu comme une fermeture des portes, pour peu qu'elles soient considérées comme ouvertes en premier lieu :

"conserver les taux d'immigration dans des normes historiques"

Pour en finir avec le sujet (et je peux vous assurer que je n'en parlerai plus), j'ai également trouvé du récomfort dans le fait que 59,6 millions d'Américains ont voté pour Trump. 

Dans un pays de 320 millions d'habitants, cela fait à peine 18,6% de la population. Autrement dit, 81,4% des personnes vivant aux Etats-Unis n'ont pas voté pour ce président. 

Et si vous me dites : Oui mais tout le monde n'a pas le droit de voter (pas en âge ou pas citoyen), alors cela devient : 75,7% des personnes pouvant voter n'ont pas voté pour Trump. Ce qui est énorme.

C'est une façon comme une autre de se dire que la notion de majorité est toute relative, et que la significance du résultat est vraiment limitée à une petite portion des gens qui vivent ici (un sur cinq), donc inutile de tirer des conclusions généralistes sur "la mentalité américaine" quand 80% de la population n'a pas fait ce choix.

Dans tous les cas, on verra bien ce qui se passe à l'avenir. J'ai décidé d'être confiant, car merde, c'est l'Amérique après tout, mais ce serait quand même cool que la carte verte arrive avant la fin de l'année, juste au cas où, hein !


Note finale : Je n'ai vraiment, mais alors vraiment pas envie de me battre avec les commentaires sur cet article. Selon mon humeur (et la vôtre), il est probable que je n'en publie aucun, tous, ou bien 18,6%, ce qui est une option jugée comme acceptable dans une démocratie moderne, okay ? :-)